Propos recueillis par Olivier Valentin pour Maison-Hantee.com
Maison-Hantee.com : Dans
sa préface du Loup-garou
de Camberwell que vous avez publié chez Terre de
Brume, François Ducos, votre ami et "préfacier attitré, à vie", raconte
l'épisode déjà ancien où il a poussé la porte de votre singulier
appartement qu'il qualifie d'"enclave dicksonienne", faisant
connaissance avec un macaque, un furet et un ratier ! Quels
étranges compagnons sous les toits de Paris ! Cette anecdote,
parmi d'autres, façonne une étonnante image de vous auprès des
lecteurs. En outre, vous cumulez les mandats de journaliste, historien,
musicien, chanteur et auteur-compositeur. Quel genre d'écrivain du
fantastique êtes-vous ? Et en quoi vos nombreux talents
nourrissent-ils vos romans ?
Gérard
Dôle : Je
suis un écrivain dans la lignée d'un Jean Ray, pour ne citer que
"l'Edgar Poe belge", mais mon talent et mon imagination sont loin
d'égaler les siens. Dans mes histoires fantastiques, je ne laisse guère
transpirer ma vie et mes multiples activités. Seule, parfois, la
musique tient une place dans l'énigme, comme, par exemple dans "Le
Diable dans la musique", une aventure du chevalier Dupin.
Maison-Hantee.com : Les
cabarets de la Rive Gauche, Bobino, les orgues de Barbarie. Vous êtes
l'auteur d'une étude savante intitulée Histoire musicale des Acadiens
et de la "Complainte
de Harry Dickson". Enfin, sur votre carte de visite, figure
un portrait de vous, dessiné par Robert Crumb, violon et archet dans
les mains. La musique fait donc grandement partie de votre répertoire.
Et vous n'hésitez pas à glisser quelques notes dans vos nouvelles.
Comment peut-on associer musique et fantastique, votre "marque de
fabrique" ?
|
Gérard
Dôle : Je suis un "faiseur" de contes, que vous
les appeliez littéraires ou musicaux. J'improvise aussi bien des
histoires que des chansons, quitte ensuite à les mettre dans un livre
ou sur un disque si elles me conviennent. Je viens justement de
terminer un CD intitulé La Fille du Diable (The
Devil's Daughter). Il se compose de douze chansons
francadiennes de mon cru que vous pouvez m'entendre chanter sur le
site : http://gerarddole.free.fr.
Quant à mes recherches sur la Louisiane et ses Acadiens, cela procède
du plus grand sérieux, de l'ethnomusicologie pour user d'un grand mot.
Là, par contre, toute "fantaisie" est bannie.
|
Maison-Hantee.com : Avec
la complicité de François Ducos qui prépare un ouvrage sur le sujet,
vous avez ressuscité Harry Dickson, Thomas Carnacki, le Chevalier
Auguste Dupin, Abraham Van Helsing et plus récemment le Dr Martin
Hesselius. D'où vous vient cette passion pour les détectives de
l'occulte ?
Gérard
Dôle : Cette passion vient de la "scène
primitive" de Freud, évidemment (rires). L'enfant
l'interprète souvent comme une scène agressive de laquelle résulte pour
lui un fantasme d'abandon énorme. Période de cauchemars, besoin de
savoir, de comprendre, recherche d'un objet précieux, inaccessible. Ce
sont les prémices de la curiosité intellectuelle.
Maison-Hantee.com : Vous
attachez un soin tout particulier aux illustrations des couvertures de
vos recueils de nouvelles. Pour un passionné de dime-novels,
vous rendez un bel hommage aux couvertures des "Dossiers secrets du roi
des détectives", publiés par Fernand Laven, avec les dessins très
expressifs, parfois censurés, d'Alfred Roloff. Selon vous, ces
illustrations spectaculaires ont-elles joué un rôle dans le succès de
la littérature populaire ?
Gérard
Dôle : Ces illustrations spectaculaires, comme
vous les nommez à juste titre, ont en effet joué un grand rôle dans le
succès de ce type de littérature. Il n'y a qu'à admirer les couvertures
de Fantômas, par exemple, pour s'en persuader. De
toute façon, l'illustration de couverture, que ce soit celle d'un
livre, d'une revue ou d'une brochure, a de tout temps été un agent de
vente primordial. Les
Dime Novels et les Penny Dreadfuls
de jadis en sont un exemple éclatant.
Maison-Hantee.com :
Aimez-vous les histoires de fantômes ? Quels sont les auteurs
qui vous font veiller très tard ? Ceux qui vous inspirent un
vrai frisson ?
Gérard
Dôle : J'adore les histoires de fantômes. Celles
d'Alexandre Dumas, d'Edgar Poe, de Jean Ray hantent mes
nuits.
Maison-Hantee.com :
Enfant, aviez-vous peur du noir ?
Gérard
Dôle : J'avais peur des sorcières qui peuplaient
les ténèbres de la vieille maison de Franche-Comté où vivaient mes
grands-parents.
Maison-Hantee.com : A
l'instar de votre personnage, Thomas Carnacki, qui traque les spectres,
de son salon de Chelsea jusqu'aux entrailles d'une maison hantée,
seriez-vous prêt à quitter votre antre parisienne pour affronter les
phénomènes paranormaux d'une maison mystérieuse ?
Gérard
Dôle : Peste ! En aucun cas !
Je préfère les inventer de toute pièce dans mon home
douillet de Saint-Germain-des-Prés.
Maison-Hantee.com : Quels
sont les lieux de prédilection que vous conseillez aux lecteurs de
Maison-Hantee.com pour cultiver le goût des "Maîtres du
Mystère" ?
Gérard
Dôle :
Londres, le East End, les Docks, la Tamise, Whitby, sa falaise et son
cimetière marin, Le Loch Ness, Les Grampians.
Maison-Hantee.com :
Aimez-vous le cinéma fantastique ? Quels sont les films qui
ont laissé une empreinte sur votre créativité ?
Gérard
Dôle :
Je suis un fervent du cinéma fantastique et citer tous les films qui
m'ont marqués serait long et fastidieux. Je privilégie les films avec
Bela Lugosi, Boris Karloff, Peter Cushing, Christopher Lee. Je prépare
actuellement une étude sur Nosferatu. Terre de
Brume la publiera sous le titre : Nosferatu,
Illustration d'un mythe illustre.
|